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Une goutte de pluie parmi tant
d’autres, attend son tour pour tomber de son nuage.
En patientant, elle imagine tous les scénarios souhaités de descente…
Sauf que celui qui va se présenter à elle, ne correspond à aucun de ceux
imaginés, mais n’en déplaît pas moins pour autant !
So Prane
dessin conte pour enfants
So Prane était une goutte de pluie qui attendait dans le ciel, le moment où
elle allait tomber. Coincée dans son nuage, parmi ses consoeurs, elle
échafaudait plein de projets.
-« Quand ça sera l’heure, je tomberai juste sur une graine, histoire de faire
pousser une plante. »
Ou bien :
-« J’irai éclabousser quelqu’un, et comme ça, je lui ferai une bonne blague ! »
Ou encore :
-« Je me jetterai dans une mare asséchée, pour agir en faveur de la
non sècheresse… »
Ses consoeurs l’écoutaient, patiemment :
-« Hey, So Prane, ne connais-tu pas la pesanteur ? » lança ironiquement Malfabé,
une goutte voisine.
-« Même que c’est elle qui nous fait tomber où bon lui semble. Nous n’avons donc
pas le choix… » continua d’expliquer, doctement, Amalfi.
-« Alors, arrête d’échafauder des plans sur la comète, ça ne sert à rien ! »
renchérit Homal, quelque peu agacé.
Mais So Prane se moquait bien de ce qu’on pouvait lui raconter. La pesanteur ?
Pffft ! Elle ne la connaissait pas. Et d’abord, si elle existait vraiment,
pourquoi ne faisait-elle pas tomber le nuage qui l’hébergeait ?
Elle poursuivit donc ses rêves. Cette fois, trois nouveaux se présentèrent :
-« Pour ma pluie, je voudrais que ce soit l’apothéose, un feu d’artifice de
gouttes, plus brillantes les unes que les autres. Je serai étincelante ! »
Un peu plus tard :
-« Je voudrais tomber et jouer de la musique. Je viserai un bout de métal qui
tintera dans un joli son cristallin. »
Et, en fin de journée, quelque peu agacée par les commentaires réprobateurs de
ses voisines :
-« J’irai me jeter dans un fleuve, pour enfler sa colère et inonder tous les
alentours. Na ! »
Les autres gouttes haussèrent les épaules, en soufflant :
-« Cette So Prane, elle est irrécupérable ! Quelle énergie elle perd, dans ses
fantasmes ! »
-« On se demande où elle va chercher tout ça. Comme si elle ne pouvait pas
attendre tranquillement son sort, en se taisant. »
-« Vivement qu’elle s’en aille ! Après, bon débarras, on sera tranquille ! »
Et le grand jour arriva. Un ciel sombre, des éclairs deci delà, quelques coups
de tonnerre bien rythmés, et le déluge commença.
So Prane fit partie des premières vagues. Toute excitée à l’idée de tomber
enfin, elle prépara sa chute.
Du haut de son nuage, elle repéra l’objectif. Trois, deux, un, zéro ! Elle
sauta ! Génial la descente, waouh, ça décoiffait ! So Prane atterrit pile sur la
tête d’une baleine qui la réceptionna mollement avant de la renvoyer en l’air.
Super ! Quelle sensation !
Et qui disait que la pesanteur faisait tomber inéluctablement ? So Prane ne
venait-elle pas de rebondir ? Et apparemment, ça n’était pas terminé ! La
baleine n’en finissait pas d’envoyer des gouttes en l’air.
So Prane jaillissait à chacune, dans des gerbes éclatantes. Quelle joie !
C’était encore mieux que ce qu’elle aurait pu imaginer. Que du bonheur ! Encore
et encore…
Là-haut, dans le ciel, Malfabé, Amalfi et Homal étaient restées sur le nuage.
-« Ouf, débarrassées de cette bavarde ! Enfin, nous allons être tranquilles… »
-« Mouais, avec ses digressions, elle nous déconcentrait de la préparation de
notre chute. Vraiment, elle exagérait ! »
-« Bien, profitons du calme retrouvé. Allez les filles, du sérieux ! »
Le temps passa et rien ne se présentait.
-« Bon, jamais ça vient ? Ca devient longuet maintenant d’attendre la pluie. »
-« Ouais, je dirais même plus : c’est triste à mourir de rester ainsi sans rien
faire, sans rien dire… »
-« C’est drôle mais j’en viendrais presque à regretter So Prane… »
Au fil du temps, l’attente se fit de plus en plus insupportable.
-« Bon les filles, il faut faire quelque chose. Nous ne pouvons pas continuer de
rester concentrées, l’esprit obnubilé, ainsi.
-« Moi, j’ai envie de rire, de rêver comme So Prane. Le sérieux m’ennuie… »
-« Hé bien, allons-y, essayons de rêver, on verra ce que ça donne. Qui
commence ? »
Amalfi se lança la première.
-« Et bien, moi je rêve de couler sur un doux visage en larmes, que je
contribuerais à apaiser… »
-« Moi, j’aimerais tomber sur un gros nénuphar qui me garderait et me bercerait
un temps. » osa déclarer Malfabé.
-« Moi, je n’ai pas trop d’idées. Je voudrais faire comme So Prane ! » dit enfin
Homal.
Habitées chacune de leur rêve, vivant déjà leur aventure, elles trouvèrent le
temps moins long.
Rires, partages, émotions, le nuage avait retrouvé de la vie.
Et le grand jour arriva enfin pour elles aussi. Chacune connut une aventure
exaltante qui les combla de joie.
Lesquelles ? Ah ça, vous le saurez au prochain épisode…
A suivre !
Créé le 6 septembre 2006 par Valérie Bonenfant
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