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Lili la fourmi est sous l’emprise
autoritaire de la reine mère. Travail, services, tâches diverses… constituent
son lot quotidien.
Or, un jour, grâce à l’aide d’autres insectes, elle va parvenir à se libérer de
ce carcan, pour enfin, faire des choses qu’elle aime, qui l’intéressent, et qui
lui donnent du plaisir…
Lili la fourmi
dessin conte pour enfants
Il était une fois une petite fourmi qui s’appelait Lili.
Elle était née dans une grande fourmilière qui était gouvernée par la reine mère
des fourmis, Maya.
Celle-ci organisait, dirigeait, commandait… Il n’y avait rien qui ne passait pas
par elle.
Chacune des fourmis l’écoutait et obéissait à ses ordres.
Il y avait les fourmis soldats chargées de défendre la fourmilière, les fourmis
ouvrières à qui incombait la tâche de construire, réparer le site, les fourmis
ménagères qui devaient nettoyer et faire briller la maison, les fourmis
cuisinières qui préparaient à manger, etc.
Lili travaillait depuis qu’elle était toute petite à la fourmilière et savait
faire plein de choses.
Aujourd’hui, la reine mère Maya lui avait demandé de faire la peinture de
l’entrée. Lili s’appliquait consciencieusement avec son pinceau quand surgit une
petite coccinelle qui s’appelait Amandine.
-« Bonjour » lui dit-elle, « comment t’appelles-tu ? »
-« Lili » répondit la fourmi, « et toi ? »
-« Moi, c’est Amandine, tu veux bien venir jouer avec moi ? »
-« Jouer ? Oh non, je dois travailler, faire la peinture de l’entrée de la
fourmilière . »
-« Veux-tu que je t’aide ? Tiens donne-moi un pinceau et je m’y mets moi aussi »
Et sur ces entrefaites, la petite coccinelle se mit hardiment au travail. Tant
et si bien que l’entrée fut bientôt terminée.
-« Viens, allons jouer maintenant » dit-elle à Lili.
-« LILI ! » dit une grosse voix, « tu ne dois pas jouer ! »
-« Oui, reine mère Maya »
-« Tu as encore du travail. Je souhaite que tu me lises un livre. »
-« Bien, reine mère Maya »
Et Lili suivit la reine mère, les yeux baissés, sans un mot, une boule coincée
dans la gorge.
Une autre fois, Lili travaillait à creuser des galeries quand elle tomba nez à
nez avec un ver de terre.
-« Salut, moi c’est Victor, je suis en voyage souterrain. Veux-tu venir avec
moi ? »
-« Je dois ouvrir une galerie. Je ne peux pas. » répondit Lili.
-« Attends, je vais te donner un coup de main. Après, tu seras tranquille pour
m’accompagner. »
Et Victor creusa aux côtés de Lili tant et si bien que la voie fut bientôt
créée.
-« Ouf, ça y est ! Viens avec moi, je vais te faire visiter la grotte des
Lumières, une merveille… ! »
-« LILI, tu restes là ! » dit la reine des fourmis, d’un ton autoritaire.
-« Mais, mère, j’ai terminé » répondit Lili.
-« Non, je veux maintenant que tu viennes saluer avec moi le clan des anciennes
fourmis méritantes. »
Et Lili partit avec la reine mère, le cœur gros, en pensant à la jolie grotte
lumineuse qu’elle ne verrait pas.
Une semaine plus tard, Lili travaillait dans les champs à ramasser les grains de
blé, quand une bonne odeur vint lui chatouiller les narines.
Lili regarda autour d’elle. Personne !
Elle abandonna alors sa tâche pour s’approcher de l’endroit qui fleurait si bon.
-« Bonjour, je suis Pimponne » lui dit une demoiselle araignée. « Veux-tu
partager avec nous mon gâteau à la vanille ? » . Il se trouvait qu’Amandine et
Victor étaient là eux aussi.
-« Mmmmh, il sent drôlement bon ce gâteau, je veux bien »
Et tous les quatre mangèrent goulûment de bonnes parts du dessert en se
racontant des histoires plaisantes.
-« LILI ! » retentit soudain la grosse voix bien connue.
Lili se leva aussitôt et se dirigea vers la porte.
-« Tu n’es pas obligée, tu sais, de l’écouter tout le temps » dit Amandine.
-« Je dirais même plus, tu as tout à gagner à faire ce que tu as envie »
renchérit Victor.
-« Mais je vais perdre ma maison, le manger, qui va s’occuper de moi ? » dit
Lili, éplorée.
-« Tu sais, tu me sembles très douée pour t’occuper de toi, toute seule »
répondit Pimponne.
-« C’est vrai, nous t’avons vu à l’œuvre, tu es très forte ! » rajoutèrent
Amandine et Victor.
-« Et puis, tu ne seras pas seule, nous serons avec toi. »
-« Vous avez raison, je ne veux plus l’écouter. »
Et Lili partit à la rencontre de la reine mère à qui elle tint ce langage :
-« Non, c’est NON, je te dis NON, NON et NON, laisse-moi tranquille, j’ai autre
chose à faire que t’écouter. »
-« QUOI ? Que dis-tu là, petite insolente ? Rentre à la maison avant que je ne
me fâche ! »
-« NON » répéta Lili, « je ne veux pas, je suis occupée, et puis je n’ai plus
envie de retourner à la fourmilière pour travailler et te servir. Je veux vivre
toute seule. »
-« Pauvre sotte ! Et comment vivras-tu toute seule ? Tu as besoin de moi pour te
nourrir et te faire vivre. »
-« C’est faux, tu te trompes, je n’ai plus rien à te dire, je m’en vais. »
-« NON, LILI ! Tu ne peux pas me faire ça, c’est méchant, tu nous abandonnes.
Pense à tes sœurs… »
-« Mes sœurs, les pauvres, je leur souhaite de devenir libres un jour. Allez,
tcha’o maintenant ! A un de ces jours ! J’ai plein de choses à faire. »
-« Du travail ? » demanda la reine mère.
-« Oui, un peu, mais aussi des jeux, des voyages, du plaisir, tout ce que je
n’ai pas fait jusqu’à présent. »
Et Lili lui tourna délibérément le dos et s’enquit d’un nouvel endroit pour
s’installer et vivre sa nouvelle vie.
La reine mère jura, siffla, cria et finit par rentrer chez elle, résignée.
Désormais, sa fourmilière était moins puissante d’une âme.
Créé le dernier trimestre 2003 par Valérie Bonenfant
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