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Un conte sur la naïveté à croire
certaines personnes…
Plumeau se voit révéler des talents de sorcier, que malheureusement, il n’a pas.
Avant qu’il ne s’en rende compte, il aura malgré tout laisser échapper quelques
imprécations malencontreuses qui lui vaudront bien du souci…
Les sorciers
dessin conte pour enfants
Il était une fois un grand sorcier du nom de Magic. Il avait une grande cape
noire avec des étoiles brillantes dessus et portait sur la tête un long chapeau
pointu de couleur violet.
Il arborait toujours une mine sévère et beaucoup craignait ses pouvoirs.
Un jour, il fut invité par une bande de jeunes, à venir prendre le goûter.
Bientôt, tous eurent envie de s’essayer à la magie.
Le grand sorcier dit alors de sa grosse voix :
-« L’un d’entre vous est doté de pouvoirs magiques. Je le sens. Je le sais… »
Un silence étonné accueillit ces propos.
-« Ah oui, et qui ? » interrogea l’un des jeunes.
-« C’est Plumeau. Il a des dons, c’est sûr ! Tiens, approche, nous allons faire
un test. »
Plumeau s’approcha du grand mage, impressionné et intimidé. Magic lui proposa
alors :
-« Voilà, je vais placer trois verres sur la table, me concentrer très fort sur
l’un d’entre eux et tu devras deviner celui auquel je pense. »
Le mage ferma les yeux, et, dans un grand soupir, les mains jointes, commença à
se concentrer. Le silence était absolu. C’est à peine si on entendait le souffle
des respirations.
Au bout d’un long moment, le sorcier rouvrit les yeux, et dit d’un ton
monocorde :
-« Ça y est. Tu peux y aller, je suis prêt. »
Plumeau se gratta la tête et finit par dire :
-« Peut-être le verre du milieu… »
-« Oui, c’est cela ! C’est exactement ça, tu as réussi ! J’en étais sûr ! »
Plumeau le regarda, les yeux ronds. Quoi ? C’était vrai ? Il avait dit juste.
Ouah dis donc, alors ça !
-« Pouvons-nous recommencer ? Je voudrais essayer encore… » demanda Plumeau.
-« Oui, si tu veux, allons-y ! »
Et le scénario se répéta. Le grand sorcier se concentra à nouveau, en joignant
ses mains et en poussant un long soupir. Enfin, il s’arrêta.
-« Voilà, tu peux maintenant faire ton annonce… »
Plumeau réfléchit, puis instinctivement, se lança :
-« Là, celui-là, à droite ! »
-« Bravo, encore gagné ! Décidément, tes talents sont immenses ! »
Oh oh, Plumeau se sentait transporté. Il avait des dons de divination, il était
fort et puissant, différent des autres, qui le regardaient mi-enthousiastes,
mi-dubitatifs.
Il quitta les lieux et rentra chez lui. Plus question de rester inaperçu : il
avait des pouvoirs, tout le monde devait le savoir.
Il le clama dans tout le village, et bientôt, reçut ses premières visites.
-« Alors moi, grand sorcier, ce que je souhaiterais, c’est de beaux légumes dans
mon jardin. Pas comme l’année dernière où ils étaient tous ratatinés par le
soleil. J’en voudrais des charnus, des savoureux, des épanouis… »
-« Pas de problème » répondit Plumeau, « je veillerai à ce que ton potager soit
bien arrosé… »
-« Oh merci, grand magicien ! Vous êtes trop bon… »
Puis ce fut le tour d’une vieille dame.
-« Moi, je viens te voir pour enfin exaucer mon vœu d’avoir une petite fille.
Certes, j’ai déjà des petits enfants, mais ce ne sont que des garçons, et moi,
je voudrais avoir une descendante fille. »
-« Très bien, chère Mamie. A l’automne prochain, ce sera réglé. Vous serez
grand-mère d’une jolie brunette… »
-« Merci grand Plumeau, vous êtes un vrai sage d’écouter ainsi… »
Et cela continua de longues semaines. Plumeau promettait à chaque fois. C’était
facile, il était sûr de lui et de ses pouvoirs.
Mais le temps passa, et les premières plaintes arrivèrent :
-« Grand Plumeau, tu m’avais promis de l’eau, et je n’ai rien vu tomber du ciel.
Mon jardin est un vrai désert ! »
-« Et moi, ma fille a accouché et c’est encore un garçon. Moi qui m’étais fait
plaisir à confectionner des layettes roses… Cela ne servira à rien. C’est une
très grosse déception… »
Bientôt, il y eut une longue queue de réclamations devant la maison de Plumeau.
-« Trahison ! »
-« Plumeau est un charlatan ! »
-« Moi aussi, je sais faire des prédictions. Tiens Plumeau, je devine que dans
quelques instants, tu vas te prendre un coup de sur la tête… »
BOING !
-« Et voilà, je suis aussi bon magicien que toi ! »
Plumeau voyait des étoiles, et pas que sur sa robe de magicien.
Les grondements se faisaient plus menaçants. Plumeau dut prendre la poudre
d’escampette.
Il dut changer de maison, de village et d’amis.
Tout perdu… Il avait tout perdu dans cette histoire, à croire un mage farfelu.
Il avait même perdu sa crédulité, et ça, par contre, c’était plutôt une bonne
chose…
Créé le 1er trimestre 2004 par Valérie Bonenfant
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