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Quand le contraire de soi attire…
Un géant ne rêve que de « petit ». Hélas ! Un rêve vain car tout cela est bien
loin de lui ! C’est sûr, jamais il ne pourra l’atteindre…
Et pourtant, un oiseau va lui faire découvrir que le « petit » est à sa portée.
Un miracle pour le géant !
Le géant qui voulait du petit
dessin conte pour enfants
Marox était un géant de la campagne. Chez lui, tout était grand : ses pieds,
ses mains, ses yeux, son corps…
Autour de lui, tout lui rappelait qu’il était immense : la forêt qu’il écrasait
sous ses pas, laissant une empreinte géante de son passage… Ses doigts, trop
gros pour saisir les petites choses comme des échelles, le moulin sur la
rivière, ou encore la carriole laissée là en plein champ. Son corps plus grand
que des dizaines de maisons empilées…
Et pourtant, Marox ne rêvait que d’une chose : le « petit ». Il craquait pour
les timbres qu’il avait vus une fois dans une ferme où habitait un
collectionneur. Aucun arbre ne lui faisait plus d’effet qu’un bonzaï. C’était un
émerveillement !
Quant aux êtres vivants : les bébés étaient son point faible. Il les trouvait si
mignons, si fragiles, si tendres. Face à eux, Marox fondait comme neige au
soleil…
Mais, quand il en revenait à sa personne, il avait beau chercher : tout était
gros, même ses trous de nez, évasés comme des cheminées… Même ses orteils qui
ressemblaient à deux tonneaux… Même ses poils, aussi larges que des troncs
d’arbres massifs… Désespérant…
-« Je voudrais tellement avoir du petit… C’est terrible, chez moi, absolument
tout est grand… Comme je suis malheureux ! »
Kilord, un petit oiseau qui passait dans le coin l’entendit :
-« Quoi ? Tu te plains d’être grand ? Sais-tu combien d’être petits et faibles,
voudraient avoir ta taille, pour être à l’abri du danger ? »
-« Le danger, je m’en moque… Seul le « petit » m’intéresse, et il ne m’est même
pas accessible… Bouh ! Comme c’est triste ! »
-« Que dis-tu là ? Le « petit » comme « le grand » est accessible à tous… Il
suffit d’ouvrir son champ d’investigation, c’est tout ! »
-« Il n’y a rien à découvrir chez moi qui ne soit petit, crois-moi, j’en ai
assez fait le tour pour le savoir… »
-« Et bien, je vais te montrer que tu as tort. Et pour commencer, viens, je vais
te donner quelque chose qui est petit… »
Plutôt intéressé, Marox s’approcha. Qu’allait donc lui donner cet oiseau : une
brindille, un ver de terre, un bout d’herbe coupée… ? Il attendit, les mains
ouvertes, que Kilord lui déposa l’objet dans ses paumes, mais, curieusement,
l’oiseau vint vers son oreille.
-« Voilà pour toi, spécialement, un premier partage : je vais te confier un
« petit » secret : il y a plein de « petit » chez toi ! Alors qu’en dis-tu ? »
murmura l’oiseau dans le grand réservoir qui servait d’oreille à Marox.
-« Je dis que tu m’as bien eu ! » répondit Marox, déçu.
-« Ne crois pas ça, Marox ! Je suis sincère… Autre chose, peux-tu faire un petit
geste pour ces pauvres paysans qui attendent l’eau de pluie depuis des mois pour
arroser leurs récoltes ? Par exemple, leur presser quelques nuages au-dessus de
leurs champs ? »
Marox regarda les paysans et leurs champs jaunes. Facilement, il alla saisir
quelques nuages bien gonflés qu’il pressa au-dessus des récoltes.
-« Bravo Marox ! Tu es génial ! Voilà un petit geste de ta part qui va faire
plaisir à bien des braves gens… Félicitations pour ton « petit » geste, très
réussi ! »
Marox s’étonna : il venait de faire du « petit », sans difficultés. Chouette
alors ! Il attendit avec attention que Kilord lui dise la suite.
-« Bon, maintenant, allons voir du côté des sentiments. Pourrais-tu faire un
petit câlin à la terre pour la remercier de te porter, toi, le géant si
lourd… ? »
-« Mais je ne sais pas… » balbutia Marox.
-« C’est très simple, il s’agit de lui témoigner de la tendresse, sans excès,
simplement… Allez, vas-y ! »
Embarrassé, Marox s’allongea sur le sol, et tendrement, déposa un baiser sur le
sol.
-« Parfait ! » dit Kilord, « tu es très doué pour les « petits » câlins, Marox…
Félicitations, encore réussi ! Le « petit » est fait pour toi ! »
Tout heureux, Marox se rengorgea. Ah, s’il s’était douté… Lui, le géant, doué
pour le « petit » !
-« Nous allons en rester là pour aujourd’hui, Marox, nous continuerons demain si
tu le veux bien, à investiguer le champ du « petit. »
-« Mais, Kilord, nous venons à peine de commencer… »
-« Un « petit » peu pour chaque jour ! Là aussi s’effectue l’apprentissage du
« petit », mon ami… Pour l’instant, je te propose que nous allions manger... »
dit l’oiseau.
-« J’ai une petite faim… » répondit le géant, déçu d’en rester là de ses leçons.
-« Bravo, encore du « petit »… Tu progresses à pas de géant, dis donc ! »
Marox commença par manger quelques pommes d’un pommier. Puis, l’appétit ouvert,
il engloutit un grand champ de maïs et but des tonnes de l’eau de la rivière…
L’oiseau continua de le féliciter.
-« Bien Marox, tu es toujours sur la bonne voie… »
-« Ah oui, pourquoi ? » s’étonna le géant qui, objectivement, ne trouvait pas
« petit » son repas.
-« Mais parce que tu es un « petit » coquin ! Tu m’as fait marcher avec ta
soi-disant « petite » faim… Des blagues, oui ! » pépia l’oiseau, joyeusement.
Tous deux éclatèrent de rire, avant de piquer un « petit » somme qui allait les
emmener vers d’autres découvertes du monde merveilleux du « petit ».
Créé le 3 octobre 2006 par Valérie Bonenfant
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