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Quand la jalousie fait faire de
très vilaines actions…
Laser Pocket est une huître parfaite sous tous rapports. De quoi agacer son
entourage qui décide alors de lui nuire. Un plan machiavélique est établi…et va
malencontreusement se retourner contre ses auteurs !
Mais le coeur de Laser Pocket est bon et ne connaît pas la rancune…
Laser Pocket, la perle des perles
dessin conte pour enfant
Il était une fois une perle d’huître du nom de Laser Pocket. Celle-ci était
parfaite : une forme sans défauts, aucune rayure si petite soit-elle, et une
lumière fascinante qui irradiait d’elle, ce qui la distinguait naturellement de
ses consoeurs.
Qui plus est, Laser Pocket était intelligente, pleine d’esprit, gentille,
attentionnée aux autres… Bref, une perfection.
-« Quelle chance elle a, cette Laser Pocket… Elle a tout pour elle ! Facile de
réussir dans ces conditions ! » disait un peu jalouse Lalie, sa cousine.
-« Mouais, elle doit bien avoir une faille… C’est bien connu, la perfection
n’existe pas ! » renchérit Blue Sky, sa voisine.
-« Et si on regardait du côté de son histoire ? Peut-être que ce n’est pas si
net que ça ? » proposa Scarabie, son amie d’enfance.
Les trois perles partirent alors farfouiller dans les archives des perles
d’huîtres, où toutes les naissances de perles étaient enregistrées. Elles
remontèrent aux perles parents, grands-parents, arrières grands-parents.
Jusque-là, rien à redire. Que des perles de valeur qui avaient été acquises par
les plus grands bourgeois.
-« Ah là, je tiens quelque chose ! » clama Lalie, tout heureuse, « regardez, en
1843, l’huître qui hébergeait Maricante, l’arrière arrière grand-mère de Laser
Pocket, a été contaminée par l’algue tueuse Nocéra, lors de la grande épidémie
apparue cette année-là.
-« Et alors ? Il n’y a pas de mal à cela… » s’étonna Scarabie, « Maricante
n’était pas responsable. Regardez, de nos jours aussi, tous les maux qui nous
guettent, avec cet environnement de plus en plus vérolé.
-« Laisse tomber » continua Blue Sky, « Maricante a semé deux belles graines de
perles, Mirore et Culady, qui ont fait parlé d’elles les années suivantes, par
leurs splendeurs … Alors… »
Les trois perles continuèrent leurs recherches. Mais elles eurent beau remonter
loin dans le temps, elles ne trouvèrent rien qui ne vint ternir l’éclat de la
merveille.
-« J’ai une idée ! » s’exclama Blue Sky, « et si on injectait un produit à son
huître, qui la rende un peu malade. Cela affaiblirait le rayonnement de Laser
Pocket et lui rabattrait un peu son caquet. Qu’en dites-vous ? »
-« Bonne idée ! » s’enthousiasma Lalie, « j’ai justement conservé précieusement
un flacon de vase polluée qui nous avait donné à toutes des boutons… »
-« Oui, je m’en souviens ! J’étais pleine de pustules malodorantes. C’est super
chouette ! Allons en verser quelques gouttes dans l’huître de Laser Pocket ! »
Aussitôt les trois compères s’en furent mettre leur plan à exécution. Elles
récupérèrent la fiole empoisonnée et, toutes excitées, s’en allèrent vers
l’huître qui hébergeait la merveille. Il faisait nuit, et celle-ci était fermée,
sa protégée à l’intérieur. Les coquilles restaient soudées, malgré la
respiration tranquille.
-« Jamais, elle va laisser passer un filet d’eau ! » s’impatienta Scarabie.
-« Il faut peut-être attendre que le jour se lève, qu’elle se réveille… »
suggéra Lalie.
-« Ce n’est pas grave, ce n’est qu’une question de temps, l’heure va bientôt
sonner, de toute façon. » avança gravement Blue Sky.
Les trois perles attendirent alors un mouvement de l’huître. La matin se pointa,
et les coquilles restaient toujours collées. Pourtant, l’huître avait bougé.
C’était sûr, elle s’était réveillée.
-« Mais alors, qu’attend-elle pour s’ouvrir ? » fulmina Scarabie.
-« Peut-être qu’elle a perdu Laser Pocket ? » avança Lalie.
-« Non non, je suis sure qu’elle est là, je l’ai encore vue hier, parader au
milieu des filets … » affirma Blue Sky.
Les heures passaient et l’huître ne s’ouvrait toujours pas.
-« Ça devient insupportable, cette attente » s’énerva Scarabie, « il faut agir
maintenant ! »
-« Oui mais comment ? Nous n’avons aucun moyen pour la forcer à s’ouvrir… » se
désespéra Lalie.
-« Hé bien si, justement ! La fiole ! Regardez, je vais lui en verser une goutte
sur le coin du museau ! » se réjouit Blue Sky.
Elle n’eut pas le temps d’entendre les NON ! vigoureux de ses compagnes. Elle
versa quelques gouttes sur l’huître qui s’esquiva d’un violent mouvement, en
remuant plein de vase du fond. L’eau se teinta d’une couleur sale, chargée de
sable gris. Les trois perles recouvertes de cette mixture, se mirent à tousser,
et se retrouvèrent bientôt couvertes de pustules malodorantes.
-« Beurk, c’est dégoûtant, tu es stupide Blue Sky ! » gronda Scarabie.
-« Je dirais même plus, tu es archi nulle ! » râla Lalie, « nous sommes
défigurées ! »
-« C’est votre faute d’abord, avec vos idées à la noix ! » se défendit Blue Sky.
Laser Pocket, elle, ne fut pas touchée par cette épidémie qui fit de nombreux
ravages chez les perles. Seule, son huître protectrice fut légèrement atteinte
avec un bouton surgi sur le bord. Pendant tout le temps de l’infection, celle-ci
ne desserra pas ses coquilles, protégeant sa progéniture du monde nauséabond qui
l’entourait. Quand enfin, l’ordre fut rétabli, l’huître s’ouvrit, en confiance.
Laser Pocket découvrit alors l’horreur des cicatrices des perles, séquelles du
virus qui venait de sévir.
-« Mes pauvres amies ! Comme vous avez dû souffrir ! » dit-elle avec compassion.
Elle s’évertua alors à réduire ces cicatrices, et y consacra sa vie, tant il y
avait du travail. Quand elle eut terminé, elle décida alors de s’offrir aux
enchères aux riches bourgeois de la ville.
Elle gagna un prix colossal, du jamais vu dans l’histoire des perles. Elle
souhaita que cette fortune soit utilisée pour la restauration parfaite des
perles touchées par l’épidémie.
Lalie, Scarabie et Blue Sky en bénéficièrent au premier chef, car elles
figuraient parmi les victimes les plus touchées, du fait de leur exposition à
proximité du produit toxique.
Quelle chance avait Laser Pocket ! Sa richesse, c’était son écrin, si attentif
au bien-être de sa perle, cette huître dévouée. Ah, si elles avaient su, si
c’était à refaire… !
Créé le 26 octobre 2006 par Valérie Bonenfant
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