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Un conte qui défie les lois de la
pesanteur !
Un éventail rêve de voler. Il entraîne dans cette aventure une pauvre souris qui
va connaître les déboires douloureux de tentatives non concluantes…
Sur le point de renoncer, une opportunité va se présenter à eux…
Aaron était un éventail très coloré qui rêvait depuis toujours de voler. Pour
lui, pas question de se balancer bêtement pour faire de l’air aux dames.
D’ailleurs, ainsi bercé, il s’endormait tout simplement.
Mais, dès qu’il se réveillait, une seule chose comptait : regarder le ciel et
admirer ces beaux oiseaux qui planaient là-haut. Comme il aimerait lui aussi
être dans les airs et voler ainsi !
Après tout, n’était-il pas comme une aile ? Ne pouvait-il lui aussi se maintenir
en l’air ? Si, évidemment, il en était sûr ! Il pouvait voler, c’était là,
inscrit au cœur de son bois, gravé dans son papier plié.
Alors, il en parla à une souris.
-« Dis, petite souris, est-ce que ça te dirait d’aller dans le ciel, là, comme
les oiseaux ? »
La souris le regarda, étonnée. Mais que lui racontait donc cet éventail ?
-« Oui, viens-là » insista celui-ci, « accroche ta queue autour de moi, et
allons près de la grande falaise. Tu n’auras qu’à sauter. Moi, je me déploierai
comme une aile, et tu voleras… Merveilleux, n’est-ce pas ? »
La souris, toujours étonnée, se laissa entortiller la queue autour du manche de
l’éventail, puis, poussé par celui-ci, s’approcha de la grande falaise.
Les voilà au bord, la souris très sceptique, l’éventail, enthousiaste. Un, deux,
et trois ! Et maintenant, dans les airs ! Fichtre ! Quelle sensation ! Aaron se
déploya, il y eut comme un soubresaut, mais la chute continua…
Zut ! Cette souris était trop lourde ! Grosse mémère, va ! Aaron se décrocha et
la laissa tomber. Lui termina sa chute doucement…
Bon, il fallait trouver autre chose. Et cette petite chenille, là, qui grimpait
le long d’une herbe ? Elle était plus légère, sans aucun doute. Aaron s’arrima à
elle, et l’entraîna à son tour, en haut de la falaise. One, two, three ! C’était
parti ! Yououh ! Quel saut magistral ! L’éventail se déplia… Et vola… Trop
génial ! Super, extra-mega-sensationnel ! Le top de la plane ! Quelle veinarde,
cette chenille, grâce à lui, elle était devenue la première chenille volante…
Hein, mais que se passait-il ? Voilà qu’elle était en train de remuer, et
d’extirper de quelque part une paire d’ailes… Quoi ? Quel était donc ce tour de
magie stupide ? En plus, voilà qu’elle volait maintenant, et gracieusement qui
plus est ! Un scandale, vraiment ! Elle l’avait laissé tomber comme une vieille
chaussette, lui, qui lui avait offert la sensation de sa vie…
Trop ingrat, vraiment… Fort désappointé, l’éventail tangua, et, d’un coup
maladroit, se referma brutalement.
Aussitôt, la chute s’accéléra, sans pitié. Patatras, il atterrit juste à côté de
la malheureuse souris qui gisait toujours par terre, gémissant de tous ses
bobos. Celle-ci, quand elle le vit, s’énerva.
-« Ah, te revoilà, l’espèce d’andouille crétin qui m’a balancé de tout en haut.
Soit disant qu’on allait voler… Tu parles ! Et dire que j’ai failli te croire…
Voilà où cela m’a conduit, avec des bleus partout… »
Aaron ne répondit pas, tout endolori, lui aussi. Certes, il avait entraîné la
souris dans son rêve un peu fou, mais bon, la chenille aussi, et elle, s’en
était plutôt bien sortie. Alors, comment savoir ?
Un moment plus tard, un joli papillon vint s’asseoir à côté d’eux, accompagné
d’une hirondelle.
-« Ce sont eux » dit-il à l’hirondelle, « ils rêvent de voler, peux-tu faire
quelque chose pour eux ? »
L’oiseau réfléchit, puis les accrocha derrière elle, à la queue leu leu. D’abord
la souris, puis l’éventail. Elle s’approcha à son tour de la grande falaise.
-« Non ! » s’exclamèrent en chœur, la souris et l’éventail.
Mais, trop tard, ils étaient déjà dans les airs. Et waouh ! Quel vol, ma
parole ! De ceux qui montent haut dans le ciel, puis qui planent. La souris et
l’éventail en avaient le souffle coupé… A gauche, à droite, en haut, en bas,
l’hirondelle locomotive les tirait, au gré de ses fantaisies, et c’était trop
chouette.
Puis, quand la virée prit fin, ils redescendirent, tranquillement.
L’atterrissage se fit en douceur, sans comparaison avec leurs chutes
précédentes. Quelle aventure ! C’était super, comme en témoignaient les mines
réjouies d’Aaron et de la souris.
Tous deux, devenus les meilleurs amis du monde, s’évertuèrent ensemble à créer
une machine qui puisse aussi bien voler.
Et, si je vous dis maintenant que la souris s’appelait Lindbergh, comme le
célèbre pilote, qu’est-ce que cela vous suggère ?
Créé le 10 mai 2006 par Valérie Bonenfant
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