Des centaines de contes
originaux
El Métro, le toréador
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contes pour enfants de
Valérie Bonenfant
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Grande corrida aujourd’hui !
El Métro était un toréador prestigieux. A son palmarès, de nombreuses cocardes et des estocades fameuses, comme celle de Campionissimo, un taureau de légende réputé pour ses coups de cornes dévastateurs, ou encore celle de Pedro, dont la mise à mort avait déchaîné les foules, tant il s’était héroïquement battu. El Métro n’avait jamais failli, il était le courage incarné, fier, altier et d’une élégance rare. Dans son costume multicolore, il faisait battre de nombreux cœurs. Or, voilà qu’un jour, dans une arène au bord d’une plage de sable fin, déboula un taureau blanc. El Métro avait revêtu son habit d’apparat, et pris tous ses accessoires, cape et épées. Sa surprise fut grande : -« Quoi ? Qu’est-ce que c’est que cet animal blanc ? Une vache ? » demanda-t-il. Que nenni, car la bête, à l’exception de sa robe blanche, présentait tous les signes du taureau : une musculature puissante, une nervosité agitée, à en voir son sabot qui soulevait le sable, son souffle à ras-de-terre qui faisait de la poussière et surtout, une belle paire de cornes qui ne demandaient qu’à en démordre. -« Hey, Toro ! Hey, hey… Toro ! » appela le toréador, en avançant de quelques pas, en agitant sa cape. Le taureau fonça vers la cape, et lâcha au passage : -« Mon nom est Pizza, Belle Pizza ! » Ca alors, El Métro avait-il bien entendu ? Le taureau avait parlé ! Non, non… Ce n’était pas possible, il avait dû rêver… Sans doute un coup de son ventre qui criait famine, et lui demandait une pizza. Le toréador continua son manège. -« Hey, Toro ! Là là, Toro ! » A nouveau, le taureau fit un passage, en criant au tournant : -« T’es bouché ou quoi ! Je t’ai dit Pizza, Belle Pizza… ! » Quoi ? Qui se permettait de l’apostropher ainsi, lui, le Maître ? Bouché ? Et puis quoi encore ! Décidément, ce taureau blanc le perturbait… Vite, il fallait se concentrer. Il avait encore un peu de temps avant de lui donner l’estocade finale, alors au travail ! -« Hé là, Toro ! Laïe, laïe Toro ! » Belle Pizza fit un nouveau passage sous la cape. -« On va jouer encore à ça longtemps ? C’est qu’il fait chaud, et que j’irais bien sur la plage, moi… » -« Sur la plage ? D’où venait donc cette drôle d’idée ? Pas de mon ventre, cette fois… » s’étonna El Métro, qui ne pouvait se résoudre à accepter que c’était le taureau qui parlait. C’était vrai qu’il faisait chaud pourtant, et là, dans cet habit serré, soudain, il suffoquait. -« Mamamilla, que calor ! » dit El Métro, en se déchargeant de son boléro, sur le taureau, lors de son passage. -« O…LE ! » hurla la foule, ravie de cette nouveauté. Mais, comme il avait encore chaud, il enleva sa chemise… Des sifflets accueillirent son initiative, suivis de cris d’admiration. -« Waouh ! Olé ! » hurla la foule en délire. Alors, El Métro acheva son déshabillage et laissa tomber son pantalon coloré qu’il présenta au foulage de Belle Pizza. -« Olé ! » cria la foule en transe, quand le taureau marcha dessus. El Métro était désormais en caleçon au milieu de l’arène, et ainsi allégé, gesticula de sa cape. -« Bon, si on y allait maintenant ? Il paraît que l’eau est à 26°C… Ca te va ? » -« 26°C ? Mamamilla, quelle aubaine ! Sûr qu’un plongeon à cette température, là, ça le tentait ! » Alors, El Métro, courageusement, mit par terre sa cape, puis son épée. La foule crut à un sacrifice et applaudit avec frénésie, conquise. Cette fois, le sang allait couler, mais de l’autre côté, celui du toréador qui offrait ses flancs à la bête sauvage. Hein ? Quoi ? Il demandait qu’on ouvre les portes ? Mais, le taureau ? Il l’emmenait avec lui ? Ca alors ! Quelle folie ! La foule continua d’applaudir, l’excitation à son comble, la salive coulant de sa bouche. Les voilà qui couraient tous deux vers la plage ! Bigre ! Quel spectacle ! Une corrida à mains nues, et en liberté ! C’était du jamais vu ! Quoi encore ? Dans l’eau ? Une mise à mort par noyade ? Fantastique ! Effectivement, on vit des éclaboussures dans la mer, et l’homme et la bête se trempaient énergiquement. La foule, captivée, ne ratait rien du spectacle ! Etonnant ! On aurait presque dit qu’ils jouaient, tels des enfants dans un bain. Comme s’ils prenaient plaisir à s’arroser ! Etait-ce une nouvelle technique de tauromachie en mer ? Mais plus le temps passait, et moins les attaques semblaient claires. Alors, quand on fut sûr que le toréador se baignait avec son taureau, la foule fut tentée de se rafraîchir aussi. Et l’on vit une cohorte d’individus piquer une tête près de la vache et de son toréador. Quel bain, mes amis ! On rigolait bien ! Et pour le fun, on lança alors un grand OLE mouillé qui conclut cette corrida particulière !
Créé le 20 juin 2007 par Valérie Bonenfant |
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