|
| |
Un conte où la musique est fleurs…
Baroud, un accordéon, ne joue pas des notes, mais des marguerites, des lavandes,
des coquelicots… C’est sa manière à lui de jouer…
Mais quel est donc cet étrange mystère ?
Baroud l’accordéon
Des fleurs par milliers… Voilà ce qu’est capable de créer
Baroud l’accordéon, en lieu et place des habituelles notes de musique !
Ce chant là, Stéphanie, notre illustratrice, l’a entendu, et a bien compris la
musique…
Une belle partition dessinée : celle de la vie, bien sûr !
---
Le conte Baroud l'accordéon
Baroud n’était pas un accordéon comme les autres. Quand il jouait, il ne
produisait pas des notes de musique, mais des fleurs… Celles-ci sortaient de son
soufflet, dès qu’il s’ouvrait : des marguerites, des tulipes, des pissenlits…
Il jouait un morceau, et aussitôt, le parterre se couvrait de fleurs.
-« Bof » disait Jo l’escargot, « ce n’est pas un vrai accordéon, on ne peut même
pas danser sur sa musique… »
-« Mouais, même que ç’en devient gênant, ces fleurs par terre. On n’ose plus
marcher dessus, après qu’il ait joué » grogna Tom, le sanglier.
-« Moi, je trouve que c’est joli, ces fleurs de toutes les couleurs. S’il te
plaît, Baroud, ne t’arrête pas de jouer… » dit Cigale, une petite chenille au
poil duveteux.
Baroud, reconnaissant, lui joua un morceau rien que pour elle. Bientôt, le sol
se couvrit de fleurs multicolores, du plus bel effet.
L’escargot et le sanglier se détournèrent en ronchonnant, tandis que la chenille
applaudissait de toutes ses pattes.
-« Bravo, bravo ! » clama-t-elle, « tu es le plus doué des accordéons, je
t’adore ! »
Baroud en rougit de plaisir. Ses notes n’étaient pas simplement blanches ou
noires, comme dans une partition : elles étaient à pétales, à bulbes, jaunes,
vertes ou bleues, ou les trois couleurs à la fois… C’était merveilleux.
-« Mais d’où viennent toutes ces fleurs ? » questionna Cigale, « as-tu un jardin
quelque part ? Où sont donc tes cultures ? »
Baroud s’arrêta sur la question. Il ne se l’était jamais posée auparavant. Ces
chères fleurs, qui sortaient de son soufflet, où étaient-elles créées ?
Il fouilla alors à l’intérieur de lui, mais ne trouva rien. Pas la moindre
pépinière, où pourraient pousser de petites graines de fleurs. Il chercha sous
ses claviers, sans résultat, et même dans son soufflet, bien qu’il se douta
qu’il ne contenait que du vent.
Quel mystère ! Il regarda la chenille, l’air contrit.
-« Ah, je vois… » dit celle-ci, « tu n’as pas d’explication à me donner… C’est
étrange, vraiment. Et si nous allions voir le grand JESAISTOUT de la forêt. Sans
doute pourrait-il nous dire ce qu’il en est. »
Tous deux se mirent en route, à la recherche du savant. Quand ils l’eurent
trouvé, ils l’interrogèrent.
-« Dis-nous, grand JESAISTOUT, d’où viennent les belles fleurs qui sortent du
soufflet de Baroud, quand il joue ? » demanda Cigale.
Le savant leur dit :
-« Montrez-moi un peu ce qu’il en est, que je me rende compte… »
Baroud joua alors un morceau de sa composition, et aussitôt les fleurs
jaillirent.
-« Oh, très beau, vraiment ! Quelles fleurs splendides ! J’ai adoré ton air,
joli accordéon, peux-tu me rejouer quelque chose ? » félicita le savant.
Cette fois, ce fut une composition champêtre où coquelicots, boutons d’or et
lavandes s’harmonisèrent dans un fondu du plus bel effet.
-« Vraiment génial ! Quelle merveille ! On ne se lasserait pas… » continua de
s’émerveiller JESAISTOUT.
-« Ben alors, dis-nous ! » s’impatienta Cigale, « d’où viennent ces fleurs ? »
-« Mais c’est évident ! » lui répondit le savant, « de son cœur tout simplement.
Ça ne fait aucun doute. Baroud joue des profondeurs de son âme, et les fleurs
viennent du fond de son intérieur. C’est le secret de l’authenticité de ses
compositions. C’est incomparable, avec un morceau purement « technique ».
Son cœur ? Baroud alla à sa rencontre et y découvrit une chaleur agréable.
Mmmmmh, comme il y faisait bon, près de son cœur. Il apprécia et eut envie de
jouer.
C’était gai, c’était frétillant. Des fleurs jaillirent par milliers. JESAISTOUT
et Cigale applaudirent et se mirent à danser ensemble, avec enthousiasme. Quelle
fête ! Tous deux riaient de bonheur. Baroud rit à son tour, et, tout à sa joie,
produisit encore plus de fleurs.
Tant et si bien que la terre ressembla bientôt à un immense jardin, où il fit
bon vivre…
Créé le 23 octobre 2005 par Valérie Bonenfant
| |
|
