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La rencontre d’une trompette et
d’un orgue…
Deux instruments aux registres apparemment très différents…
Et pourtant, la fantaisie de l’une et le sérieux de l’autre vont faire des
merveilles !
Amélie Swing la trompette
dessin conte pour enfants
Amélie Swing était une trompette joyeuse. Les airs qu’elle jouait étaient
enjoués, gais et colorés.
Du matin où elle se réveillait à l’aide d’un chant énergique et tonitruant,
jusqu’au soir où elle se couchait avec un morceau de jazz toujours improvisé,
elle vibrait joyeusement.
Or, un jour, curieuse, elle entra dans une église. C’était un lieu qu’elle ne
connaissait pas, elle qui était plutôt habituée aux défilés animés et aux cafés
bondés.
Alors, quand elle se trouva seule, dans ce lieu froid et solennel, elle eut
quelques frissons. Elle laissa échapper ainsi quelques notes par-ci par-là, pas
trop fortes car cela résonnait.
-« Brrrh, drôle d’ambiance… » se dit-elle, « en plus, il fait plutôt froid
ici ! »
Soudain, dans un grand fracas sonore, un orgue entama une mélodie. C’était
lugubre, sombre, voire effrayant. Amélie Swing fit un grand bond de peur, et
laissa échapper quelques notes d’effroi.
-« Ciel ! D’où venait cette musique sinistre ? Et quel était cet instrument
étrange qui émettait de tels sons, à faire peur à des morts-vivants ? »
La trompette regarda autour d’elle : des icônes, un autel, quelques statuettes…
Rien qui ne puisse justifier d’une telle sonorité.
Incroyable ! C’était comme si l’église elle-même, était imprégnée de sons et
vibrait de toute son âme. Car les murs et l’espace étaient pleins de ce chant si
lancinant. Un bâtiment pouvait-il être un instrument de musique ?
A ce moment-là, Amélie Swing leva les yeux et aperçut de grands tuyaux cuivrés.
-« Tiens tiens, qu’est-ce que cela ? » se demanda-t-elle.
Elle s’approcha et découvrit le grand instrument, très concentré sur sa musique.
Bof, ce qu’il jouait n’était pas vraiment gai, mais lui-même, quand on le
voyait, ne donnait pas vraiment envie de rire : grand, imposant, de couleur
sombre dans sa partie inférieure, avec de longs tubes d’acier, au-dessus, qui
lui donnaient un air glacial…
La trompette le laissa finir, ce qui prit un long moment. Puis, le silence
revenu, elle entama la conversation.
-« C’est très émouvant ce que tu as joué, félicitations… » dit-elle.
L’orgue, qui s’appelait Corneille, daigna lever les yeux vers elle, et lui
répondit :
-« C’est mon travail, je suis là pour exprimer des émotions… »
-« Ah oui ? Mais des émotions tristes alors… Car dis donc, ce n’est pas très
joyeux… » commenta la trompette.
-« La joie ? Je ne connais pas… » ajouta Corneille.
-« Mais voyons » insista Amélie Swing, « il n’y a pas que des évènements
tragiques dans une église. Et les mariages ? Et les baptêmes ? »
-« Je ne joue pas pour ces occasions-là. D’abord, je ne suis pas convié… Et
puis, je ne saurais pas quoi jouer… Je n’ai rien dans mon répertoire, dans ce
registre-là. » grommela l’orgue.
-« C’est vrai ? » s’étonna la trompette, « mais je peux t’apprendre, moi, si tu
veux, j’en connais plein de morceaux ! »
Et elle se mit à jouer une chanson enfantine rigolote :
-« Un éléphant, ça trompe, ça trompe. Un éléphant, ça trompe énormément… »
-« Chut ! » souffla l’orgue, « voyons, nous sommes dans une église ! »
-« Ah d’accord… » se rappela Amélie Swing, « bon alors, quelque chose de plus
conventionnel… »
Et elle commença à jouer un Ave Maria des plus touchants. L’orgue fut saisi :
belle musique en effet, sobre, émouvante, gracieuse… Prometteuse d’un bel
avenir !
Oui, ça lui plaisait : il allait apprendre.
Alors Amélie Swing et Corneille répétèrent. Bientôt, l’orgue maîtrisa ces
nouveaux morceaux et put se laisser aller à des digressions avec la trompette.
Ce n’était pas mal du tout ce que donnaient leurs accords, mis en commun.
Alors, ils décidèrent de s’essayer à leur premier mariage. Les futurs époux
entrèrent dans l’église, ainsi que leurs familles. Une fois les portes
refermées, l’orgue et la trompette se mirent à jouer un air, à la fois
entraînant et émouvant.
Ce fut le plus beau mariage que l’église eut l’occasion de fêter : celui d’une
trompette et d’un orgue.
Amélie Swing et Corneille ne se séparèrent plus : ils jouèrent ensemble toutes
leurs vies, et partagèrent les joies, les peines et les émotions qui naissent à
l’intérieur d’une église.
Créé le 24 janvier 2005 par Valérie Bonenfant
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